John stuart mill - la nature
La construction du viaduc de Millau a été célébrée comme une grande réussite technique des ingénieurs français. Mais des associations écologiques ont protesté contre une telle défiguration et perturbation de l'environnement dans un endroit jusqu'alors préservé. Peut-on à la fois louer les prouesses techniques de l'humanité et garder un jugement entièrement favorable à l'égard de la nature et de ses lois propres ? Doit-on considérer la nature comme un modèle à respecter en tout point pour notre existence ? Mill, dans ce texte, montre qu'il n'en est rien, et qu'il n'est pas possible de s'en remettre entièrement à elle. Bien au contraire, la grandeur de l'homme repose sur sa capacité à modifier ou corriger les imperfections de la nature. Nous dégagerons dans un premier temps l'hypothèse niée par l'auteur pour ensuite développer la thèse implicitement acceptée par tous mais clarifiée et approfondie grâce à lui. Développement avec plan
I. L'hypothèse de la perfection naturelle
Tout le premier paragraphe est présenté sous forme hypothétique. Il ne s'agit pas de la thèse de l'auteur, mais d'un raisonnement par l'absurde, qui développe le point de vue contraire pour mieux le critiquer.
L'opposition entre cours et action
L'hypothèse considérée est celle de la perfection de la nature. Perfection présente dans « le cours naturel des choses » :
– d'une part, l'agencement et l'équilibre de tous les éléments naturels sont ainsi loués, le fait par exemple, qu'il y ait des cycles et des écosytèmes permettant à chaque espèce de trouver sa place ;
– d'autre part, la nature est régie par des lois de fonctionnement qui se maintiennent dans la durée grâce à un système en quelque sorte autonome et préréglé.
On retrouve ici la définition d'Aristote pour qui la nature regroupe l'ensemble des êtres qui ont en eux-mêmes un principe de mouvement et de repos. La nature est ce principe d'organisation autonome. De même qu'à plus petite échelle, Kant définit