Justice et droit
Introduction
La vie sociale ne semble pas aller sans une exigence forte et partagée de justice : les uns dénoncent le mal, le tort qu’ils ont subi et réclament la justice. Les autres dénoncent les inégalités sociales, économiques, politiques dont ils sont les victimes et réclament justice. Mais qu’est-ce que la justice ? La justice procède-t-elle d’un sentiment subjectif, personnel ? Mais cette conception subjective et donc relativiste de la justice ne risque-t-elle pas d’instaurer le règne de la vengeance, de la violence et donc l’injustice en lieu et place de la justice ? Le droit peut-il alors constituer un fondement plus objectif et plus légitime de la justice ? Si par droit on entend d’abord le droit positif, institué par les hommes dans un Etat particulier, alors on peut s’interroger : une loi positive est-elle toujours juste ? La justice légale (conforme au droit positif, à la loi positive) est-elle toujours légitime ? Dès lors, ne faut-il pas s’en remettre au droit naturel pour fonder une justice véritable ? Plus précisément, le droit naturel ne peut-il pas servir d’étalon pour apprécier la légitimité du droit et de la justice positive ? Mais comment le droit positif, toujours particulier, peut-il se conformer au droit naturel, par définition universel ? Comment fonder alors une justice universelle (valable pour chaque Etat et entre les Etats eux-mêmes) et légitime tout en l’articulant à une législation et à une justice positive particulières ? En outre, comment le droit naturel comme le droit positif peuvent-ils également viser chacun l’institution d’une justice sociale, visant l’égalité sociale, matérielle, économique entre les individus ? L’enjeu, c’est ici la possibilité même de fonder une justice capable d’établir une société humaine pacifique et harmonieuse.
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I) Le problème du fondement de la justice et de sa légitimité
a) La justice comme sentiment ?
Au premier abord, il