Kant- qu'est-ce que les lumières?
On touche ici à la caractérisation du religieux comme ordre des grandeurs et des principes réglant l’estime et la valeur des hommes. La force du christianisme a été de suggérer que les premiers dans l’ordre de la nature pouvaient bien être les derniers dans l’ordre de la Grâce ; il y a liberté quand la société cesse d’être homogène, mais laisse vivre un dédoublement des “valeurs”. La critique des principes religieux, leurs dissociations de simples préjugés communautaires et politiques est donc essentielle à la liberté commune, même si les clergés s’en défieront toujours.
Application de la distinction précédente (entre usage privé et public de la raison) au problème religieux, manière d’en souligner le caractère central. Que signifie en effet être un croyant « sincère » ? Quelle liberté peut-il exister dans la pratique religieuse, attendu que son caractère social (tradition, théâtralisation de la piété comme vertu sociale – les dévots, vrais ou faux, sont honorés, le pieux a bonne réputation auprès des siens…) et l’obscurité de ses mystères tendent à pérenniser la minorité en l’homme ? La foi est-elle un obstacle au progrès des Lumières, c’est-à-dire au progrès humain ? Il en va peut-être ici également de la spécificité des Lumières allemandes sur les Lumières françaises (qui apparaissent plus « politique » dans la question de la religion, voir par exemple les Lettres écrites de la montagne de Rousseau). Nécessité d’un détour. Nous quitterons donc un moment Kant pour aborder un problème plus général : qu’est ce que la religion ?
Religare, relier, mais double aspect : la religion relie-t-elle les hommes entre eux (Eglise), ou l’homme à Dieu (religiosité)?
1. la réduction sociologique du concept de religion. (Durkheim)
« Considérer les faits sociaux comme des choses ». Considérer les formes sociales indépendamment des valeurs qui les justifient. La sociologie, pour Durkheim, exclut la morale, elle veut décrire, et non pas