La bourgeoisie
Textes :
Texte A : Nicolas BOILEAU, Art poétique, III, v. 25 à 33, 1674.
Texte B : Alfred de MUSSET, Les Caprices de Marianne, Acte I, scène 1, 1833.
Texte C : Eugène IONESCO, La Cantatrice chauve, scène 1, 1950.
Texte D : René de OBALDIA, Deux femmes pour un fantôme, scène 1, 1971.
Texte A : Nicolas BOILEAU, Art poétique, III, v. 25 à 33, 1674.
[Boileau, poète du XVIIe siècle, définit ici les normes classiques de l'art du théâtre.] Le secret est d'abord de plaire et de toucher :
Inventez des ressorts qui puissent m'attacher.
Que dès les premiers vers l'action préparée
Sans peine du sujet aplanisse l'entrée1.
Je me ris d'un acteur qui, lent à s'exprimer,
De ce qu'il veut d'abord, ne sait pas m'informer.
Et qui, débrouillant mal une pénible intrigue,
D'un divertissement me fait une fatigue [...].
Le sujet n'est jamais assez tôt expliqué.
[...]
1. du sujet aplanisse l'entrée : aplanisse l'entrée du sujet, supprime les difficultés à l'entrée du sujet.
Texte B : Alfred de MUSSET, Les Caprices de Marianne, Acte I, scène 1, 1833.
ACTE I, scène 1
Une rue devant la maison de Claudio
MARIANNE, sort de chez elle, un livre de messe à la main. CIUTA, une vieille femme, l'aborde.
CIUTA. – Ma belle dame, puis-je vous dire un mot ?
MARIANNE. – Que me voulez-vous ?
CIUTA. – Un jeune homme de cette ville est éperdument amoureux de vous ; depuis un mois entier, il cherche vainement l'occasion de vous l'apprendre. Son nom est Cœlio; il est d'une noble famille et d'une figure distinguée.
MARIANNE. – En voilà assez. Dites à celui qui vous envoie qu'il perd son temps et sa peine, et que, s'il a l'audace de me faire entendre une seconde fois un pareil langage, j'en instruirai mon mari.
Elle sort..
CŒLIO, entrant – Eh bien ! Ciuta, qu'a-t-elle dit ?
CIUTA. – Plus dévote1 et plus orgueilleuse que jamais. Elle instruira son mari, dit-elle, si on la poursuit plus longtemps.
CŒLIO. – Ah ! Malheureux