La bourse- les villes tentaculaires- verhaeren
Lorsqu’il publie Les villes tentaculaires en 1895, Verhaeren expose clairement son projet poétique. A travers ce recueil de poèmes, il veut peindre tel un expressionniste la ville moderne, à la fois transitoire, en pleine mutation avec la Révolution industrielle, et éternelle, c’est-à-dire qu’il veut la figer avec des mots. Il choisit d’employer le pluriel pour son recueil peut-être pour montrer qu’il a une vision synthétique de la ville, qu’il décrit non pas une ville en particulier mais une ville générique. Dans le poème « La Bourse », le poète se focalise sur son caractère financier. Le rôle des investissements est en effet déterminant pour la constitution de la ville moderne. Le choix du titre révèle bien la tonalité du poème : la bourse est présentée sous sa forme allégorique, personnifiée. Il nous fait entrer dans le monde hystérique des finances, mais en même temps il bâtit une sorte d’épopée. Comment l’univers déshumanisé de la bourse est-il sublimé par le poète qui veut exorciser son angoisse ? Nous étudierons d’abord la frénésie de la bourse. Puis nous verrons comment cet univers de folie déshumanise la société. Enfin nous expliquerons par quels moyens le poète sublime cette folie.
I. La frénésie engendrée par la Bourse
1) La Bourse, un monstre terrifiant
Au vers 1, la bourse est comparée à une statue « comme un torse de pierre et de métal ». La bourse est personnifiée, certes, mais elle faite non pas de chair, mais de pierre. Au vers 2, la périphrase « le monument de l’or » qui sera répétée au vers 15, insiste là aussi sur sa nature de statue. Mais cette statue s’anime : elle « bout »v2, « tressaille » v6. L’emploi du présent gnomique généralise cette activité. Tout au long du texte elle se fait sentir, c’est pourquoi la bourse peut faire penser à un alambic dont les vapeurs enivrent et rendent fous.
2) Une ardeur jaillit de la Bourse et se propage telle la lave d’un volcan
Dans ce texte les