Les promeneuses
Emile Verhaeren (1855-1916), est un poète belge d'expression française du 19ème siècle. Verhaeren est renommé pour son écriture lyrique et puissante, représentant la vie comme étant rude, dramatique et pleine de vivacité. On retrouve dans ces œuvres les problèmes contemporains ainsi que les grands thèmes sociaux. Ses recueilles favorisent la société ainsi qu’un avenir meilleur et lui donnèrent rapidement une place de choix dans le milieu intellectuel de son époque.
L’extrait étudié ici s’intitule « Les Promeneuses », contenu dans le recueil « Les Villes tentaculaires » (1895). Il décrit les mouvements de son pays, de ses villes et de l'exode rural, la désertion des campagnes (voire aussi « Campagnes hallucinées » (1893)).
Nous traiterons les thèmes dominants dans ce poème tels que la métamorphose de la ville nocturne, les âmes vivant en marge de la société ainsi que l’expression mélancolique et pathétique du poète.
Verhaeren nous expose toutes les indications nécessaires dès la 1ère strophe concernant le lieu, le temps et les personnages. En effet, cela produit une ouverture visuelle de l’espace et du décor ; « s’ouvrent sur la nuit » (v.1) ou encore « grand décor panoramique » (v.8). Le poète nous propose un trajet en premier lieu extérieur et ensuite pénétrant peu à peu, surnommé ‘effet zoom’, sur les ténèbres de la nuit.
La ville est transfigurée en lumières de la nuit ; champs lexicale de la luminosité : « flammes » (v.2), « coupoles illuminées » (v.10) ainsi que « phares merveilleux et d’ondes électriques » (v.18). Verhaeren joue avec les combinaisons ombre et lumière engendrant un angle de vision large et ascensionnel pour peindre la lumière d’or qui jaillit et explose ; « l’or myriadaire d’un grand décor panoramique » (v. 8). La ville est transformée par ce registre fantastique et par les termes hyperboliques tels que « myriadaire » (v.8).
Pourtant, la traversée de la ville nocturne poursuit et sombre dans les ténèbres