Le registre tragique présente des personnages hors du commun aux destins marqués par la fatalité, montrant une solution sans issue qui repose sur l'intervention d'une force supérieur ou sur l'emprise d'une passion. En effet, Zola, dans son célèbre roman La Bête humaine, de la série des Rougons-Macquart, publié en 1890, met en scène un personnage tragique, d'une famille type, victime de forces qui le dépassent contre lesquelles il ne peut pas lutter. Celui-ci tient une relation amoureuse avec Séverine Roubaud, le femme d'un de ses collègues de travail. Au chapitre onze, les amants s'attendent à La Croix-de-Maufras, donnée à Séverine suivant la mort de Grandmorin, en pensant pouvoir tuer Roubaud, le mari de Séverine. Cependant, au lieu de Roubaud, Jacques tue Séverine. On peut dès lors se demander, en étudiant la scène suivant l'assassinat de Séverine, sur quelle mesure Jacques se montre comme un personnage tragique. Nous analyserons dans un premier temps, la vision de Jacques puis dans un deuxième temps, le comportement de Jacques vis à vis de sa victime.
Le narrateur, tout d'abord, met en avant une scène ou le personnage principal est au cœur d'un tableau morbide. Zola choisit ici de nous faire partager les pensées et les sensations de Jacques. L'utilisation du discours indirect libre permet qu'elles sont intégrées directement à la narration sans mot introducteur, comme l'indique les phrases interrogative et exclamatives tels que « Pourquoi, pourquoi l'avait-il assassinée? ». On peut ici relever des verbes de perception tels que: « Jacques la regardait » (utiliser deux fois), « entendait » et l'abondance de repères dans l'espace comme on le voit dans le premier paragraphe tels que « devant le lit », « au milieu ». Celles-ci nous mettent en évidence que l'auteur a choisi une focalisation interne. C'est à dire le narrateur est situé dans le personnage de Jacques: c'est à partir de lui que font les descriptions et on sait les sentiments et les