La censure entre le xiiiè siècle et 1789
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« Faute d'avoir à choisir entre le régime dictatorial de l'oppression intellectuelle par la censure des livres et le régime de liberté pure et simple, la royauté française aboutit en ce domaine comme en bien d'autres, au résultat exactement contraire à celui qu'elle recherchait officiellement. Le caractère de « fruit défendu » que donnait, à toutes les œuvres une peu hardies, l'estampille officielle des toutes les mesures prohibitives a eu pour effet principal d'aviver la curiosité du public, de faire connaître, remarquer et apprécier les ouvrages jugés les plus dangereux par l'autorité publique: il n'était pas de meilleure publicité pour un auteur que de tomber sous le coup de la censure. »1 La censure est parfois vue comme « l'antithèse de la liberté 2». A Athènes, les références étaient plus respectueuses envers la censure, surnommée « gardienne des lois », ou « gardienne des mœurs ». La référence aux mœurs se retrouve également dans le monde romain. Le censeur était la magistrat chargé d'établir le cens et qui avait le droit de contrôler les mœurs des citoyens. Selon le Dictionnaire de théologie catholique, la censure est « une peine spirituelle et médicinale (visant l'amendement des coupables) relevant du for intérieur, et par laquelle elle prive un homme baptisé pêcheur et contumace de l'usage de certains biens spirituels ». La censure reste une notion marquée politiquement et religieusement puisqu'elle est l'apanage de l'État et a relevé du pouvoir ecclésiastique. S'il peut être donné une définition plus neutre de la censure, ce serait celle empruntée à Furetère (1619-1688), selon lequel censurer est « condamner un livre comme préjudiciable à la religion ou à l'État. » On retrouve un contrôle des livres dès l'Antiquité. Ainsi, que ce soit à Rome ou à Athènes, lorsqu'un ouvrage était jugé contraire aux mœurs, il était brûlé. Dans le Moyen-Age, la première ordonnance concernant notre sujet est celle de 1275 de Philippe le Hardi (1342-1404). Par ce