La Chasse Lenfant
Des gamins. Une colonie pénitentiaire. Une révolte et une Chasse à l'enfant. Août 1934, une mutinerie éclate au sein de la colonie pénitentiaire pour mineurs « délinquants » de Belle-Ile-en-Mer. Jacques Prévert écrit alors le poème « la chasse à l'enfant » pour dénoncer ce qui sera tristement nommé « les bagnes d'enfants ». Belle-Ile-en Mer dans le Morbihan est tristement connu pour son bagne d'enfants. 1934 marque au fer rouge la petite île lorsque les mineurs « délinquants » qu'elle accueille au sein de sa colonie pénitentiaire se révoltent et s'enfuient, suite au tabassage d'un des leurs. Les bonnes gens des alentours sont appelés à la rescousse : « 20 francs pour tout fugitif capturé ». La chasse à l'enfant pouvait commencer. Ce fait divers déclenche alors une campagne de presse contre ce phénomène d'enfermement des enfants. L'idéologie répressive réservée aux enfants est remise en cause. Les bagnes d'enfants seront supprimés avec l'adoption de l'ordonnance de 1945. Ce texte privilégie les mesures éducatives à la sanction et institue une justice pour enfants régit par le principe de la main tendue. La chasse à l'enfant
Jacques Prévert (1934) Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan ! Au-dessus de l'île, on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan ! Qu'est-ce que c'est que ces hurlements Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan ! C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant Il avait dit « J'en ai assez de la maison de redressement »
Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Maintenant il s'est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes, les touristes, les rentiers, les artistes Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan ! C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant