La chevelure baudelaire
1) Le pouvoir sensuel et envoûtant de la chevelure.
La femme aimée est peut-être Madame Sabatier, la belle mulâtresse dont Baudelaire fut épris. Elle n'apparaît pas décrite à travers un portrait détaillé mais à travers le détail de sa chevelure : « la chevelure », « boucles » (v.2), « fortes tresses »
(v.13). On sent donc Baudelaire obsédé par cet attribut, dont la répétition souligne le pouvoir sensuel et envoûtant.
D'ailleurs, le poète n'hésite pas à puiser dans un champ lexical animal, pour évoquer cette sensualité débordante : « Ô toison, moutonnant » (v.1), « la crinière » (v.31). C'est le parfum féminin dont est empreinte la chevelure qui va stimuler l'imagination du poète. Le pouvoir envoûtant de ce parfum s'accommode parfaitement avec le rythme régulier presque incantatoire de l'alexandrin. Cette sensation forte transporte le poète dans l'extase et met en branle son imagination.
2) Un imaginaire peuplé de souvenir.
Le parfum qui se dégage de la chevelure de la femme aimée, lui en rappelle un autre. Le voilà donc parti en quête de ses souvenirs. D'ailleurs le mot « souvenir » encadre le poème : il l'ouvre et le clôt.
II) L'invitation au voyage.
1 ) Un voyage initiatique : la toison d'or.
La contemplation de la chevelure est donc une invitation au voyage. Dès le début du poème, la métamorphose de la «
Chevelure » en « toison » introduit implicitement le thème du voyage. Le mot « toison » évoque la toison d'or du bélier ailé.
Pour retrouver le trône de son royaume de Iolcos, Jason doit s'embarquer pour la Colchide, en Asie, afin d'en rapporter la toison d'or. En métamorphosant la chevelure en toison, Baudelaire devient un nouveau Jason, parti pour une nouvelle
Colchide. Ce voyage sera initiatique.
2) Contrées lointaines, paradis exotiques.
Pour Baudelaire, le voyage, c'est d'abord le lointain : J'irais « là-bas » (v.11), ce même « là-bas » que l'on