La compensation matrimoniale dans le mariage traditionnel chleuh (maroc)
LA COMPENSATION MATRIMONIALE DANS LE MARIAGE TRADITIONNEL CHLEUH ∗ Souad Azizi Dans ce texte est étudiée une pratique coutumière matrimoniale, l’am∂rwas, telle qu’elle se pratiquait couramment en pays chleuh (Sous) avant la déperdition des droits coutumiers des tribus au profit d’une plus grande pénétration du droit musulman. Les tribus du Sous, notamment celles vivant à l’abri des montagnes, ont réussi à perpétuer leur droit coutumier jusqu’à l’aube du Protectorat. En matière de droit familial, ces tribus prêchent une obédience de principe au droit musulman (Montagne, Ben Daoud, 1927 : 440). Mais, dans la réalité, leur pratique des prescriptions coraniques, notamment en matière de mariage et de succession, est souvent teintée de dispositions coutumières. Droit musulman et droit coutumier coexistent. La mise en vigueur de l’un ou l’autre modèle juridique dépend et sert, en premier lieu, des intérêts masculins. Car, qu’il soit musulman ou coutumier, le droit est le domaine exclusif des hommes et l’instrument de leur autorité sur les femmes. Ces dernières n’ont qu’une vague idée des règles musulmanes et coutumières qui régissent l’institution du mariage. À l'exception des femmes d’extraction maraboutique (Boumlik, 1996 : 163-166), la plupart des femmes du commun ne savent pas lire le Coran. Elles ne connaissent que le minimum de sourates requises pour prier. Certaines n’en comprennent même pas le sens. Orale ou écrite, la coutume n’est pas enseignée aux femmes. C’est là un savoir qui se transmet de bouche d’homme à oreille d’homme, dans l’enceinte de l’assemblée villageoise. Dans les tribus du Moyen Atlas, la coutume donne à la femme le droit de fuir le foyer conjugal (Bertrand, 1977 : 96-110). Combinée au droit de répudiation de l’homme, cette disposition fragilise l’union conjugale. Aussi les divorces, sur l’initiative de l’homme ou de la femme, sont-ils très fréquents dans le Moyen Atlas. Chez les Aït Hadiddou (Haut-Atlas), le premier mariage de la femme «