La comédie
Le mot remonte au grec kômos, défilé et chanson rituelle en l'honneur de Dionysos. La comédie est traditionnellement définie par trois critères qui l'opposent à la tragédie : les personnages, de condition inférieure, y sont représentés dans leur vie privée, quotidienne et prosaïque, le dénouement est heureux, sa finalité est de déclencher le rire. Ce rire est tantôt de complicité avec les « rusés compères » représentés, tantôt de supériorité devant les défauts moraux et sociaux du personnage comique. Mais la comédie est un genre beaucoup plus « libre » que la tragédie, d'où sa faculté d'adaptation à toutes les sociétés, la diversité infinie de ses manifestations et la difficulté d'en déduire une théorie cohérente. D'où de nombreuses variétés génériques : on distingue en Grèce la comédie ancienne et la comédie nouvelle, responsables d'influences distinctes sur le théâtre comique du XVIIe s. ; le Moyen Âge voit la création de la farce, de la sotie, de la moralité ; à l'âge classique, Molière écrivit des comédies d'intrigue, et des comédies-ballets (les Fâcheux, le Bourgeois gentilhomme, le Malade imaginaire). La comédie-ballet reprend l'esthétique du ballet de cour et fait intervenir les ballets soit comme intermèdes plus ou moins autonomes entre les scènes ou les actes, soit au cours de l'action, Molière s'efforçant de « coudre » les ballets au sujet. La comédie galante fut « inventée » par Molière pour les fêtes de Cour (la Princesse d'Elide, les Amants magnifiques), mais tenta aussi La Fontaine (Clymène) ; elle représente des débats amoureux élégants et enjoués, dont Quinault offre la version tragique et lyrique, et dont Marivaux hérita en partie. Enfin, la « grande » comédie ou comédie de mœurs peint les caractères et les travers individuels ou les mœurs d'un groupe ou d'une classe sociale, voire de l'époque. La comédie de mœurs, par définition sensible aux modes et aux engouements, s'ouvre, à travers l'impulsion de la comédie italienne (E.