La concurrence et la competitivité
Il n’y a pas une réunion de chefs d’État, pas un sommet du G8 sans qu’à la fin on ne rappelle les mérites du libre-échange. En 1995, quand pour succéder au GATT, les accords de Marrakech donnaient naissance à l’OMC, c’était aussi avec l’objectif de diminuer les barrières douanières de tous les États membres et dans tous les domaines de l’économie. De même, les sinistres politiques d’ajustements structurels dictés aux pays du sud par le FMI et la Banque mondiale exigent toujours la suppression des tarifs douaniers. La construction européenne est toute entière marquée par le désir de créer une zone de libre-échange ; on peut même dire que c’est la volonté de faire du libre-échange qui a créé l’Europe. On connaît le rôle qu’ont joué les grandes entreprises et les banques dans la construction européenne et ce, dès le Traité de Rome de 1957. Touche finale, le traité instituant une constitution pour l’Europe, rejeté en France le 29 mai 2005, visait entre autres à constitutionnaliser cette politique. Il s’agissait de garantir qu’on ne reviendrait plus jamais en arrière sur cette question - quel que soit le résultat des futures élections. A l’article I-3 était précisé que l’ « l’Union offre un espace sans frontières intérieures où la concurrence est libre et non faussée ». Les articles 177 à 179 garantissaient que le libre-échange était « de l’intérêt commun des Européens », sans en faire évidemment… la moindre démonstration. Mais l’amour des rédacteurs pour ce concept allait encore plus loin, puisque l’Union s’engageait à réduire progressivement ses barrières communes et devait même faire l’apologie du libre-échange dans les