La connaissance de soi est-elle un exercice solitaire ?

3291 mots 14 pages
Introduction Un "sujet" tel que chacun d'entre nous est capable de se désigner lui-même, et donc de se prendre lui-même, paradoxalement, comme objet d’étude. “La connaissance de soi”, suppose donc qu'on s'examine, pour tenter de ressaisir le sens, ou la valeur, de son existence : la conscience, par le décalage qu’elle instaure entre moi et moi-même, semble pouvoir être à la fois conscience jugeante et conscience jugée. Comme si le “je” qui agit, qui pense et qui parle, pouvait examiner le “moi”, compris comme image d’un être constitué qui représente mon identité, ce que je suis au plus profond. Or, le geste de “recueillement” que constitue la “prise de conscience” de soi semble requérir des conditions particulières, propices à la concentration, et à la lucidité. Il semble que la solitude, comprise comme le retrait du monde et l'absence de relation avec d'autres sujets, permette un tel recentrement sur soi, indispensable à la prise de conscience de ce que l’on est. Pourtant, à bien y réfléchir, qu’est ce “moi” profond, sinon ce que je suis “en réalité”, c’est-à-dire non pas seulement “pour moi”, mais aussi “pour autrui” ? Ne serait-ce que parce que “prendre conscience” de soi, c’est d’abord savoir que l’on n’est pas l’autre, qu’on est singulier, comme l’expérimente le tout jeune enfant. C’est donc à partir du rapport (négatif en l'occurrence) à autrui que peut se bâtir une identité. On peut se demander légitimement si une conscience pure, constituée uniquement d’elle-même et par elle-même, ne serait pas une pure illusion ? Dans ce cas, ce serait à même l’action, dans les relations avec autrui, qu’on aurait le plus de chances de ressaisir le sens réel de son existence. Et par conséquent, refuser la présence d’autrui pour se trouver soi-même serait une absurdité, consistant à vouloir se priver des moyens de la constitution d’une vraie conscience de soi, active et concrète, pour chercher vainement un “moi” pur, séparé du monde.

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