commentaire de Bergson
Bergson a tout d’abord été frappé de ce que dans les équations mathématiques de la mécanique, le temps ne dure pas, il n’est que le décompte de simultanéités. Ce temps est étrangement une pure abstraction, alors que nous vivons en réalité dans un écoulement perpétuel de temps concret. Nous éprouvons une durée dont la science ne parle pas. La science escamote donc le temps pour rendre le monde prévisible, pour rendre disponible tous les événements. Mais si il y a bien une loi de l’expérience que nous ne pouvons écarter c’est que toutes les choses durent. « Si je veux me préparer un verre d’eau sucrée, j’ai beau faire, je dois attendre que le sucre fonde ».
Il faut entièrement congédier la vision scientifique pour rendre compte dans sa radicalisé du changement, il faut saisir le temps dans l’intimité de notre propre conscience. Il faut donc effectuer un retour sur soi, un mouvement ce réflexion, et ce que nous trouverons, c’est non pas une réalité permanente, comme celle du cogito cartésien, mais un moi qui est non pas une chose qui pense (le je pense), mais une chose qui dure, (le moi). Mais ce n’est pas une démarche facile, car nous sommes encombrés de représentations statiques parce que nous avons été habitués à vivre et à penser dans un monde matériel régit par des rapports d’espace, le monde que la science permet de planifier. Il faut une conversion de l’attention, vers le monde intérieur, parce que notre attention est habituée à demeurer dans le monde extérieur. C’est une habitude sociale qui a été renforcée par 1a vision scientifique. C’est la coïncidence intime avec l’expérience intérieure qui nous livre l’intuition de la durée.
A. Le temps retrouvé dans la conscience
Vivre pour une conscience c’est dérouler dans le temps la succession de ses idées, de ses sentiments, de ses impressions. Mais cela ne signifie en aucun cas qu’il y ait en nous un défilé d’état nettement distincts. Le temps