La consommation d animaux est elle éthique
Quand la question est posée de savoir si nous devons manger ou non des animaux, deux sens sont à distinguer. La question peut d'abord renvoyer à un problème de connaissance scientifique. Le corps humain a-t-il besoin de produits animaux pour rester en vie, ou à tout le moins en bonne santé ? Mais bien souvent, cette question, qui fait appel à une réponse descriptive, prend place dans le cadre d'un débat beaucoup plus vaste et complexe, où la question revêt alors un sens essentiellement normatif.
Est-il bien ou mal de manger d'autres êtres vivants du règne animal ? Après tout, les animaux se mangent bien entre eux et la prédation est un phénomène « naturel ». Mais il ne s'agit pas ici des relations qu'entretiennent les animaux entre eux mais du rapport de l'homme avec ces derniers. Leur consommation par notre espèce est-elle morale ? Peut-on les manger – et les élever dans ce but – sans aucun scrupule ? La question renvoie plus largement à la manière dont nous devrions nous comporter à l'égard des animaux, à comment il convient de les traiter. C'est précisément ce à quoi se propose de réfléchir l'éthique animale1.
La discipline n'est pas nouvelle2 et les interrogations qu'elle formule remontent pour la plupart à l'Antiquité. Cependant, l'élevage industriel, les biotechnologies et les problématiques environnementales telles que le réchauffement climatique ou la préservation de la biodiversité lui ont donné une importance ainsi qu'une actualité sans précédent3.
Les préoccupations environnementales et l'éthique animale ne peuvent d'ailleurs pas s'ignorer mutuellement. En effet, les premières ont quelque importance pour l'éthicien désireux de connaître les risques pesant sur les animaux pour savoir quel comportement adopter en conséquence. Les dangers pesant sur la biodiversité ne sauraient être ignorés si nous voulons préserver les animaux, notamment sauvages, qui dépendent de relations complexes avec leur milieu et entre