La copie (histoire de l'art)
3540 mots
15 pages
« La peinture, ce n’est pas copier la nature mais c’est apprendre à travailler comme elle » affirme Picasso, pourquoi ne pas le suivre sur le chemin de cette réflexion ? En effet, c’est en imitant que l’on s’initie, si la nature stricto-sensu regorge d’exemples, on peut aussi en trouver à l’échelle humaine quand les apprentis se « font « à leur métier en se formant aux manières de l’atelier. Copiant d’abord pour apprendre à mieux voir et sentir, pour témoigner quand on veut garder une trace ou rendre hommage à une période ou un maître et à une philosophie à travers eux. Copiant encore pour mieux préserver l’original et diffuser la connaissance. Puis, après avoir travaillé au plus près du modèle, on va mûrir en cherchant à l’adapter, l’emprunter à d’autres sphères, le démultiplier, le transformer en quelque sorte en un hommage plus ou moins décalé comme un clin d’œil. Enfin, fort de ces quelques initiatives qui maturent le rapport au modèle d’origine, les artistes cherchent à le questionner plus encore en travaillant sur des cas limites dans l’œuvre. C’est parfois comme une révélation, une épiphanie qui par définition défie la reproduction où c’est le seul libre arbitre de l’artiste qui promeut un objet au rang d’œuvre d’art. Il en découle une certaine détresse des experts face aux marques de reconnaissance de l’authentique, qui explique certains épisodes singuliers .
« Copier pour mieux voir », Alberto Giacometti
S’intéresser à la copie revient à examiner des notions essentielles en histoire de l’art : la pratique elle-même, les liens entre maître et atelier, la valeur de la signature et du style, l’évolution de l’histoire du goût, le questionnement de l’authenticité dans la reproduction et le multiple. Si on considère que l’invention fait le talent, « pour apprécier bien la valeur d’une œuvre d’art, il est nécessaire de la situer exactement dans la chronologie : précède-t-elle, on doit l’admirer ; et la mépriser si elle la suit »(sic Roger