Maxance
Avant de désigner le mouvement littéraire, le terme naturalisme a été employé au xviiie siècle pour désigner un système qui considère la nature comme principe fondamental, pour lequel rien n’existe en dehors de la nature (Diderot l'utilise comme synonyme de « religion naturelle »). Puis, dans la seconde moitié du xixe siècle, ces termes commencent à être appliqués à la peinture : Baudelaire (Salon de 1846) oppose les coloristes, peintres du Nord, et les naturalistes, peintres du Midi, « car la nature y est si belle et si claire que l'homme [...] ne trouve rien de plus beau à inventer que ce qu'il voit ». Mais c'est surtout le critique d'art Castagnary qui suggère l'émergence d'une « école naturaliste », dont il dit, dans son Salon de 1863, qu'elle affirme que « l'art est l'expression de la vie sous tous ses modes et à tous ses degrés, et que son unique but est de reproduire la nature en l'amenant à son maximum de puissance et d'intensité : c'est la vérité s'équilibrant avec la science ».
Lorsque Zola commence à employer le terme naturalisme, dans les années 1865-1866, il trouve donc un terrain déjà préparé. Il théorise cependant le naturalisme littéraire dans Le Roman expérimental en 1880. Il se défendit tout de même d’avoir créé ce mot en disant dans le Figaro en 1881 : « Mon Dieu ! oui, je n’ai rien inventé, pas même le mot naturalisme qui se trouve dans Montaigne, avec le sens que nous lui donnons aujourd’hui. On l’emploie en Russie depuis trente ans, on le trouve dans vingt critiques en France, et particulièrement chez M. Taine. » De fait, naturalisme, naturaliste étaient employés en français, depuis le xvie siècle dans divers domaines : sciences naturelles, philosophie, critique d’art, esthétique littéraire. Mais c’est Zola qui les spécialisa pour désigner un mouvement