À la fin de la Première Guerre mondiale, Paul Éluard, poète de l'avant-garde meurtri par le conflit, est d'abord adepte du mouvement Dada. Il prend part, par la suite, au mouvement surréaliste dont il est l'un des principaux piliers en ouvrant la voie à une action artistique engagée et prolifique. Fidèle à son mouvement, il s'intéresse à l'imaginaire, au rêve et à l'inconscient et, après une crise personnelle existentielle qui a entraîné son voyage-fuite en 1924, Éluard publie son premier et plus important recueil en 1926 : Capitale de la douleur, recueil qu'il dédie à sa muse Gala, son amour de jeunesse et désormais sa femme. Il place le poème « La courbe de tes yeux », l'avant dernier du recueil, sous le signe de la joie d'aimer et du partage amoureux, comme l'ensemble de son œuvre qu'il veut panégyrique de ce qui fait, selon lui, la valeur de la vie : le sentiment d'appartenir à la communauté humaine. Il y dresse le portrait de sa femme, à partir du seul organe de ses yeux. En quoi le regard de la femme aimée est un miroir de la relation avec le poète et un prisme à travers lequel il perçoit le monde ?
I. Un éloge entre tradition et modernité A. Le blason des yeux B. Le motif du cercle dans le regard C. Une femme idéalisée et divinisée
II. La relation entre le poète et la femme A. Bonheur d'une union harmonieuse B. L'amour fou de la part du poète C. Une femme aux multiples facettes
III. Une nouvelle vision du monde A. La renaissance du poète B. Redéfinition de la réalité par les sens C. L'envolée de la création poétique
Ce poème d'amour se démarque par son originalité et l'ampleur qu'Eluard parvient à donner aux yeux de la femme aimée. Ce qui, à première vue, semble être un blason des yeux, se prête à trois niveaux de lecture ayant pour point commun le fait d'avoir pour origine et pour limite les yeux de la femme. Ainsi, ils permettent d'abord une description purement esthétique de la beauté physique de l'être aimée. Puis, ils