La décolonisation francaise
La Seconde Guerre mondiale, qui n'a pas épargné le monde colonial, y a quelque peu étouffé les revendications des mouvements nationalistes. Elle ne les a pas, loin de là, fait disparaître. Dès les lendemains du conflit, dans l'empire français comme ailleurs, se manifestent de nouvelles remises en cause de la domination de la métropole. Le jour même de l'armistice du 8 mai 1945, des nationalistes algériens déclenchent des troubles dans la région de Constantine. Les réponses données par la France à ces mouvements d'émancipation demeurent longtemps répressives. La France va connaître l'engrenage des guerres coloniales. Mais au temps de l'intransigeance succédera le temps du dialogue, quand les déboires des affrontements militaires imposeront les nécessités de la négociation.
I - Le temps de l'intransigeance (1944-1954)
1. La France et les revendications nationalistes après la guerre
Dans l'empire, l'image de la France sort ternie de la guerre mondiale. Elle a perdu une part de son prestige, noyée dans la défaite de 1940 et la politique de collaboration avec l'Allemagne. Certaines de ses possessions ont été ballottées durant le conflit : les Japonais ont occupé l'Indochine, les Américains ont débarqué en Afrique du Nord tandis que l'AEF s'est ralliée au général de Gaulle contre le pouvoir de Vichy.
Pourtant, la Libération y a fait naître des espoirs. Les hommes de la Résistance, qui sont au pouvoir, ont proposé dans le programme du CNR “ l'extension des droits des populations indigènes et coloniales ”, ce que le général de Gaulle a confirmé dans son discours de Brazzaville en janvier 1944. La Constitution de la Ve République, adoptée en 1946, si elle reconnaît l'égalité des droits, maintient cependant la prépondérance de la métropole sur les diverses parties de son empire. En fait, l'idée de l'indépendance reste étrangère aux représentations du moment. La plus grande partie du monde politique et intellectuel (à l'exception notable des