« La démocratie protestataire » lilian mathieu
« La démocratie protestataire »
Lilian Mathieu
Quel est le rôle joué par les mouvements sociaux dans la vie démocratique française, et quel est leur poids ? Telle est la question que se pose Lilian Mathieu, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de l'étude de la politique contestataire, dans cet ouvrage intitulé « La démocratie protestataire », paru aux Presses de Sciences Po en septembre 2011. L'auteur n'effectue qu' une brève définition, en note de bas de page, de la notion de « mouvement social » retenu dans cet essai, à savoir « des entreprises collectives ([...]syndicales, associatives ou informelles) exprimant des revendications sous des formes protestataires, éventuellement conflictuelles, et à distance du jeu politique institutionnelle », avant d'entrer dans le vif du sujet. L'essai est fondé sur une étude des mouvements sociaux depuis 1995, année où le nombre de journées individuelles non travaillées connaît un pic important, notamment avec les grèves de décembre 1995, qui représente la naissance du mouvement social comme acteur politique indépendant. L'auteur tente de définir la manière dont les mouvements sociaux participent au débat démocratique, en analysant les liens entre ceux-ci et les instances officielles, partis et gouvernements successifs. Il part d'une mise en évidence de la reprise de la conflictualité sociale en France au cours des années 90, en insistant sur l'affaiblissement de certains outils de lutte dont la grève, avec une analyse de la perte d'emprise des syndicats sur la revendication sociale, tout en affirmant que le « nouveau » est une illusion en matière de protestation sociale : l'innovation est définie comme une « routine », puisque la libération du militant, qui revendique un quant à soi et une opinion personnelle distincte de celle de la masse, ou l'informalité dans les schémas organisationnels militants, sont présentés comme des caractéristiques traditionnelles du militantisme,