La dame aux camélias
La virginité de la courtisane dans l’œuvre d’Alexandre Dumas fils
La Dame aux Camélias
L’œuvre d’Alexandre Dumas fils est sans contredit remarquable. Dès l’âge de dix-huit ans, il vit ses premiers vers publiés, et, à partir de 1847, les romans et œuvres dramatiques qu’il écrivit se succédèrent à un rythme effréné. Toutefois, sa réalisation la plus célèbre fut La Dame aux Camélias, œuvre inspirée par la relation que l’auteur partagea avec Marie Duplessis, une jeune courtisane qui mourut trop tôt de la tuberculose et dont il devint l’amant de cœur. Le roman Diane de Lys (1851), qui fut adapté au théâtre et joué en 1853, ainsi que le roman La Dame aux perles (1854) se voulaient également une démystification du « demi-monde » parisien grâce à une médiation entre le monde bien rangé des bourgeois et celui de la dépravation des courtisanes. Bien que tolérées alors que la prostitution était illégale, celles-ci devaient toutefois respecter la morale bourgeoise de l’époque dans l’œuvre de Dumas fils, sans quoi elles choquaient de façon irrémédiable le public[1]. La Dame aux Camélias, roman publié en 1848, leva ainsi le voile sur la vie d’une courtisane revendiquant le droit à l’autodétermination et possédant une conscience d’elle-même qui lui était enviée par les femmes bourgeoises du XIXe siècle. Il suscita de vives réactions au sein du ministère de l’Intérieur en 1851 lorsque vint le temps pour Alexandre Dumas fils de présenter la version adaptée au théâtre qu’il avait créée. La censure ne dura cependant point : le coup d’État de Louis-Napoléon permit à cette œuvre de devenir le premier succès du second Empire. Celle-ci nous permet d’ailleurs de pénétrer le monde d’un homme passionné, Armand Duval, et de Marguerite Gautier, une courtisane dont la vie de débauche ne permet point l’épanouissement du cœur et dont Armand Duval est fou amoureux. Grâce au regard qu’il pose sur Marguerite tout au long du récit, le lecteur devient sensible à