Si on se réfère à la pièce de théâtre de Marcel Dubé, auteur chevauchant les périodes de la «Grande Noirceur» d’où émerge l’idéologie de contestation et de la Révolution tranquille associée à l’émergence de la modernité au Québec, est-il juste d’affirmer que l’accomplissement de soi implique une rupture avec les valeurs ancestrales ?

Au milieu du XXe siècle, le second règne de Maurice Duplessis est synonyme de « Grande Noirceur », période où l’idéologie de conservation était omniprésente chez les Canadiens français. Cependant, ses politiques engendrent un mécontentement dans la population qui sera l’une des prémisses de la Révolution tranquille de 1960. L’apparition du théâtre de la contestation, avec des dramaturges tels que Marcel Dubé exhibe le début d’une nouvelle idéologie propre au Québec. En se référant à la pièce Florence de Dubé, est-il juste d’affirmer que l’accomplissement de soi implique une rupture avec les valeurs ancestrales ? Même si l’accomplissement personnel semble s’effectuer avec une rupture par rapport aux les valeurs d’antan, il n’en demeure pas moins que la réalisation de la protagoniste passe par la conservation de certaines valeurs traditionnelles. Somme toute, l’accomplissement de soi dans Florence passe davantage par une modification du modèle ancestral qu’une rupture complète avec celui-ci. À première vue, dans Florence, l’accomplissement de soi passe par une rupture avec les valeurs ancestrales. D’abord, il y a une récrimination du modèle familial dans lequel la femme évolue. En effet, avant sa rébellion, Florence appartenait à ses parents : « Tant qu’elle ne sera pas mariée […] elle sera dépendante de nous. » (p.112) C’est par son émancipation sexuelle qu’elle s’approprie son corps (« Florence ne nous appartient plus » p. 111) et son destin. De plus, Florence se révolte à propos de l’inégalité des sexes puisqu’elle « ne veut pas devenir une machine à faire des enfants […] une machine à faire du ménage, une machine à