La dualité et non-dualité
Les rapports entre le corps et l'esprit sont absolument déroutants. Je reprends l'exemple de la couleur. Qu’est-ce que le rouge? La science nous apprend comment sont excitées les cellules rétiniennes par telle longueur d’onde qui vient les frapper, et comment cette excitation est transmise au cortex visuel occipital, mais elle ne nous apprend rien sur le “rouge”. Sur ce qu’il est en lui-même. Elle décrit toutes les conditions matérielles nécessaires à son apparition, mais pour ce qu'il est en lui-même, elle se borne à le classer dans les catégories "qualitatif" et "subjectif". Subjectif il l'est, au point que je ne suis même pas assuré que ce que j’appelle “rouge” ne soit pas rouge que pour moi. Se pourrait-il, par l'effet d'un malin sortilège, que ce qui m’apparaît rouge à moi apparaisse à autrui de la couleur que moi-même je nomme “vert”? La simple possibilité d’une telle mystification, à laquelle je ne parviens pas à apporter un démenti définitif, me fait voir que la couleur surgit, de manière originelle, en moi. Mais d'où en moi? Qu’y a-t-il en moi qui la fasse surgir? De quelle structure qui me constitue émane-t-elle? D’une structure inconsciente? Assurément pas, car une couleur non perçue par moi-même, par moi conscient, n’existerait pas. Une qualité n'a nulle existence hors de la conscience. Si je fais donc l'inventaire de ma conscience, je me rends rapidement à cette évidence troublante: elle n’est créée par personne d’autre que par moi. Par moi conscient. Voilà donc que je produis, non pas seulement: que je crée,