La décision publique face aux risques
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Depuis quelques décennies, les sociétés des pays riches se trouvent exposées à des risques dont la nature est diverse mais certaines caractéristiques communes : insuffisante anticipation de la menace, ampleur de la population exposée, compréhension incomplète des mécanismes en cause. Le changement climatique, la propagation du sida par le sang contaminé, la transmission à l’homme d’une maladie dérivée de l’encéphalopathie spongiforme bovine sont parmi les exemples les plus marquants. Souvent, le risque fait irruption dans le débat social sous forme de crise. Dans chaque cas, la confiance de la population dans les gouvernants est au moins temporairement affectée, et parfois elle est durablement atteinte. Qu’il s’agisse de risques environnementaux, technologiques ou sanitaires, souvent les procédures traditionnellement utilisées pour diagnostiquer, décider puis contrôler semblent mal adaptées à la situation. Les pouvoirs publics sont interpellés. De plus en plus, on attend d’eux qu’ils inventent des méthodes nouvelles d’instruction de la décision, de débat avec l’opinion et de vigilance. Il est vrai que, pour reprendre la célèbre expression de Marcel Mauss, les « nouveaux risques » apparaissent comme des faits sociaux totaux. Chacun est une sorte de noeud où s’enchevêtrent pratiques et débats relevant de tous les registres de la vie en société : représentations que se font les individus et les groupes sociaux des risques acceptables, droit de la responsabilité ou de l’indemnisation, stratégies des agents économiques exposés à des aléas, statut des connaissances scientifiques dans la légitimation des décisions, règles démocratiques d’instruction des choix publics. De ce fait aucune discipline instituée, droit, économie ou science politique, ne rend compte de ces risques de façon complète. Aucune démarche isolée des pouvoirs publics, mesure économique, pénalisation d’une pratique dangereuse ou réforme d’une procédure controversée, ne peut remédier non plus à elle