LA DÉNONCIATION
Le conte est détourné de sa fonction première par le recours à l’absurde. La présentation de la cause de la guerre apparaît futile : le délire d’un généalogiste ce qui donne la valeur d’un oxymore à l’expression « droit divin » Ils y trouvent une opportunité créée de toute pièce par la seule ambition du prince de faire la guerre ce qui est démontré par une gradation : « qu’elle ne le connaît pas », « qu’elle n’a nulle envie d’être gouvernée par lui », « que, pour donner des lois aux gens, il faut au moins avoir leur consentement ».
=== Voltaire montre donc que les origines de la guerre sont dérisoires et injustes.
Mais son déroulement renforce son impression d’absurdité, à travers l’image des combattants. On notera déjà la contradiction lors du recrutement des soldats par le prince entre la formule « qui n’ont rien à perdre », alors qu’à la guerre on risque de perdre la vie. Il en va de même pour les autres soldats, dont les causes du recrutement sont tout aussi absurdes. Leur gain, « cinq ou six sous à gagner pour eux » ; de même leur répartition entre les belligérants est ridiculisée par le lexique péjoratif : « ils se divisent aussitôt en deux bandes comme des moissonneurs ». === Le soldat n’est donc qu’un mercenaire, nullement concerné par la guerre qui se déroule. L’entrée en scène des belligérants apparaît également tout à fait absurde, puisque seule la rumeur semble les pousser à ce qui n’est même plus désigné comme une guerre, mais plutôt comme une aventure : « qui entendent parler de cette équipée ». Parallèlement les jeux des alliances sont totalement ridiculisés par la double énumération ternaire à laquelle nulle raison n’est donnée : « tantôt trois contre trois, tantôt deux contre quatre, tantôt une contre cinq », où les chiffres paraissant totalement aléatoires, « se détestant toutes également les unes les autres, s’unissant et s’attaquant tour à tour ». === Cela donne l’impression d’un désordre