La figure de médée
La figure de Médée dans les œuvres d’Euripide, de Corneille et de Christa Wolf
Le personnage de Médée représente communément une femme tellement désespérée et folle de jalousie qu’elle en vient à tuer ses propres enfants ; l’infanticide est un thème inséparable de ce personnage, à tel point que l’Ecole Freudienne désigne le fait qu’une mère prive le père de ses enfants par l’appellation « complexe de Médée ».
Pourtant, le mythe de Médée possède plusieurs versions différentes, dont certaines qui ne lui attribuent pas le statut de mère-infanticide. Il semble que cette association soit due à la tragédie Médée d’Euripide, « qui a fini par effacer toutes les autres Médées du théâtre grec », et dans laquelle l’auteur opte effectivement pour la version de l’infanticide. Cette pièce paraît fondatrice pour les nombreux auteurs qui à la suite d’Euripide ont été fascinés par Médée et ont écrit des œuvres éponymes qui retracent son parcours et tentent de fournir une explication à ce geste meurtrier perçu comme inhumain.
Parmi ces œuvres, il s’avère intéressant de comparer celles d’Euripide, de Corneille et de Christa Wolf, datant respectivement du Vème siècle avant Jésus-Christ, du XVIIème siècle et du XXème siècle ; les deux premières sont des tragédies, tandis que celle de C. Wolf se présente comme une succession de « voix » des différents personnages, qui racontent sous la forme d’une introspection leur propre version des faits. On trouve dans les trois œuvres de nombreux éléments similaires pour constituer le mythe : le meurtre du frère de Médée, le mariage prévu de Jason avec la fille du Créon, la robe du soleil revêtue par cette dernière, et enfin le meurtre des enfants. Mais les auteurs divergent dans leur manière de traiter ces ressorts de l’intrigue, faisant peser des responsabilités distinctes sur tel ou tel protagoniste.
Ces trois œuvres partagent néanmoins certaines représentations du personnage de Médée, notamment l’image de femme