La folie dans le no
Au Moyen-âge, l’une des formes de représentations classiques japonaises fait son apparition : le Nô. C’est une forme de spectacle souvent vu par les occidentaux comme un théâtre à caractère ésotérique. A travers cette présentation, nous nous demanderons tout d’abord quelles sont les origines de ce spectacle que René Sieffert, voulant l’éloigner du simple terme de théâtre, définit comme un « long poème chanté et mimé, avec accompagnement orchestral, généralement coupé par une ou plusieurs danses qui peuvent n’avoir aucun rapport avec le sujet. » Puis nous aborderons la question de la composition du Nô à travers ses formes théâtrales et esthétiques. Et enfin viendront les présentations de quelques pièces de Nô. Il est à noter que, par souci de ne pas trop se perdre, les Nô écrit par Yukio Mishima seront ici mis de côté. Ces thèmes seront bien sûr liés le plus possible à notre motif principale : la folie, mais il est évident que nous ne pourrions pas entrer dans le vif du sujet en n’ayant aucune notion de ce que renferme le Nô. Du reste, avant de pouvoir véritablement développer la question de la folie à travers ces différents thèmes sur le Nô, il convient de bien saisir les significations que peut recéler le mot « folie ».
En premier lieu, nous nous demanderons d’où provient la notion de folie en Occident et quelles sont les significations qu’elle porte. L’acception de la folie la plus souvent usitée est celle de « ce qui échappe au contrôle de la raison » [Le Petit Robert]. Ce serait donc dû de manière générale à une incapacité de bien juger et cette incapacité est évidemment toujours jugée selon une norme. Hippocrate considérait l’épilepsie (ou maladie sacré) comme une maladie organique du cerveau, mais celle-ci devint vite au Moyen-âge, comme l’a montré Michel Foucault avec l’Histoire de la folie à l’âge classique, objet d’exclusion. On enferme les fous et les déviants dans des asiles. Il est intéressant de relever qu’à cette époque,