L’origine du conflit : Une « maison divisée » contre elle-même L’origine de la guerre de Sécession trouve ses racines profondes dès l’indépendance Etats-Unis. Liées par la vision commune de l’émancipation face à la tutelle britannique, les 13 colonies originelles reposaient pourtant sur des systèmes économiques et sociaux fondamentalement différents. Si la population est passée de 9 millions en 1820 à plus de 31 millions d’habitants en 1860, c’est le Nord qui a bénéficié de l’essentiel de l’immigration. En 1860, les états « Yankees » comptent 23 millions d’habitants, contre 9 millions seulement dont 3,5 millions d’esclaves dans les états du sud. Tout oppose alors un Nord industriel et pionnier et un Sud rural et jaloux de son romantisme aristocratique. Economiquement, culturellement, et politiquement opposées, les deux visions de l’Union nées de l’indépendance devaient trouver dans la question de l’esclavage, pudiquement appelé « l’institution particulière », l’étincelle allumant un conflit depuis longtemps larvé. La suppression rapide de l’esclavage dans les états du Nord fut en effet non pas autant une œuvre morale que la conséquence inévitable de l’esprit de libre entreprise et de concurrence qui y prévalait.
La pré-révolution industrielle galopante alimentait alors l’esprit pionnier grâce à l’arrivée en masse d’une main d’œuvre immigrée depuis l’Europe. Celle-ci, avide de sortir de sa misère d’origine même au prix des plus pénibles efforts, permettait de nourrir à bas coût un système de production bien éloigné sinon incompatible avec la vision agrarienne et servile des états producteurs de coton. Le maintien de l’esclavage, sa conservation et son expansion était en effet un principe fondamental et indissociable de la société sudiste, laquelle connaissait une organisation aristocratique rurale reposant sur une classe dominante de grands planteurs. Tiraillés entre deux mondes aussi disparates, les états du Haut sud, Kentucky, Tennessee, et