La jeune femme et la pornographie
2978 mots
12 pages
Au seuil de la mort, le comportement humain laisse tomber quelques barrières psychologiques au profit de l’extériorisation de la douleur. De cette façon, lors de funérailles, les membres d’une même famille sont portés à se rapprocher physiquement et à démontrer leur compassion de manières qu’ils sentiraient plus ou moins acceptables en d’autres circonstances. À travers le personnage d’Hélène B., Roger Des Roches exploite cette déviation du comportement humain face à la mort dans son ouvrage intitulé La jeune femme et la pornographie. Parce qu’elle va bientôt mourir, Hélène B. décide d’effectuer, à travers la pornographie, un don complet de soi, d’elle-même « qui lui permettr[a], dans la mesure du possible, de se livrer entière. Entière et à jamais »[1]. La mort, la libérant de la conformité, de la peur du jugement, du sentiment de honte qui s’ensuit, lui autorise une émancipation des tabous sociaux - ces tabous qui lui soufflent sans cesse l’indécence de son projet en condamnant obstinément la pornographie. La langue elle-même, par l’entremise du Petit Robert, limite sa définition en une « représentation (par écrits, dessins, peintures, photos, images) de choses obscènes [manifestations grossières de la sexualité] destinées à être communiquées au public »[2]. Assumant fébrilement au départ son destin rapproché, la jeune femme entame une cohérence de la pornographie en mentionnant que celle-ci enseigne la mortalité du bonheur et qu’elle (Hélène B.) « a le droit d’en décider la forme et les limites »[3]. Pour l’inspirer dans son discours en développement, dans sa recherche de nouvelles fondations sémantiques de la pornographie, elle utilise différents médiums qui possèdent chacun leur propre essence, leur propre rhétorique et qui sont tous destinés à cet homme qu’elle ne connaît pas, Robert Y. Tout d’abord, elle choisit de faire don de son corps à travers la photographie avec comme objectif de démontrer que la pornographie est le seul moyen de s’offrir sous tous les