La liberte gudant le peuple
Réalisée à partir d'esquisses tracées par l'auteur dès septembre 1830, l'œuvre n'est plus une « peinture d'histoire ». Eugène Delacroix en fait part à son frère le 18 octobre 1830 : « J'ai entrepris un sujet moderne, une barricade, et si je n’ai pas vaincu pour la patrie, au moins peindrai-je pour elle »3. L'artiste témoigne ici de la ferveur romantique qui lui fait traduire les événements révolutionnaires dont il est contemporain. Car si Delacroix appartient à une longue lignée de grands révolutionnaires qu'a produite le « pays des révolutions », il n'est pas un révolutionnaire convaincu4 à l'image de son ami Adolphe Thiers. Comme pour la cause grecque, sa bataille est avant tout d'atelier5. De son propre aveu, il a traversé les événements de juillet 1830 comme « un simple promeneur »6. Difficile pour le peintre de prendre parti contre le pouvoir qui a été l'un de ses principaux commanditaires. Cependant, la violence de la rue et le patriotisme réinventé enflamment son imagination picturale. Ces scènes de combat font aussi écho chez Delacroix à celle de la geste de 1789. Au moment de la réalisation de la toile, il travaille parallèlement à deux tableaux inspirés de la Révolution française pour décorer la nouvelle Chambre des Députés. Mais la « vraisemblance poétique devait l'emporter sur la véracité d'un simple reportage7» et l'œuvre dépasse la seule évocation d'une scène d'émeute.
Sa Liberté a sans doute été inspirée d'une lecture des poèmes La Curée d'Auguste Barbier et de Casimir Delavigne Une semaine à Paris, publié en 1830 dans La Revue de Paris qui décrit la foule des émeutiers guidée par une femme du peuple, allégorie de la Liberté8. Au-delà, l'œuvre multiplie les références picturales notamment au Radeau de la