La liberté guidant le peuple
Ce tableau a été réalisé en 1830 à Paris, juste après la Révolution de juillet. Nous sommes en pleine époque romantique. Le romantisme pictural se signale, comme le romantisme littéraire et musical, par l'expression de sentiments exaltés et la représentation, ou de l'univers de la nature brute, ou d'événements forts pouvant susciter des réactions affectives diverses, allant de l'exaltation à l'horreur.
Eugène DELACROIX (1798 1863) a vécu essentiellement à Paris où il a suivi une formation néoclassique, dont il s'est vite détourné, par admiration pour la peinture en pleine pâte de Rubens.
L'espace représenté est complexe : il comporte des zones de proximité, des zones d'éloignement, voire une ouverture sur le ciel et les lointains. Cet espace n'est donc pas "aplati", mais néanmoins, il se réserve des zones de resserrement, opposées aux zones d'extension.
Le tableau représente un moment dans un mouvement : l'avant-plan montre qu'une première étape a déjà été franchie : les lignes ennemies (la garde royale) ont été abattues : l'impression de victoire presque complète est même renforcée par la tenue humiliante du personnage de l'avant plan situé à gauche : on lui a enlevé son pantalon, il est plus que mort, mort sans sépulture, mort comme Hector, tiré par les chevaux d'Achille (la référence est attestée). Le peuple tout entier s'apprête à franchir la barricade : l'ennemi supposé devrait se situer dans le prolongement des yeux des jeunes gens debout (à gauche) le spectateur du tableau n'est donc pas visé. En fait, le spectateur ne fait pas partie de la scène, malgré sa frontalité : ni