La liberté humaine est-elle limitée par la nécessité de travailler ?
La nécessité où se trouvent un artisan, un professeur ou un médecin de respecter des horaires, de faire preuve de patience et de continuité dans l’effort, limite de fait, voire annule, leur pouvoir de réaliser sans entrave leurs désirs − bref de jouir de leur liberté. Or, si ce n’est pour subvenir à ses besoins, du moins pour être reconnu ou trouver place dans la société, l’homme ne peut pas ne pas travailler : c’est une nécessité sinon naturelle, du moins sociale. On ne saurait choisir, en ce sens, de rester oisif. Toutefois, en se soumettant à cette nécessité d’exercer une activité pénible mais socialement utile, l’homme n’est-il pas forcé de maîtriser ses désirs immédiats comme de développer ses capacités physiques et intellectuelles ? Acquérant par là un pouvoir nouveau sur lui-même et sur le monde qu’il transforme grâce à son travail, n’accroît-il pas sa liberté ? D’où le problème : la liberté humaine est-elle limitée − voire supprimée − ou au contraire accrue, par la nécessité de travailler ?
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1. Oui, la liberté humaine est limitée par la nécessité de travailler
A. Il existe une nécessité sinon naturelle du moins sociale de travailler Le travail naît, en partie au moins, de la nécessité pour les hommes de satisfaire leurs besoins : ainsi travaille-t-on pour se nourrir, se vêtir, construire une habitation. Pourtant, contrairement à l’activité instinctive, le travail suppose la médiation de la vie sociale, par laquelle les hommes regroupent leurs forces et compétences diverses pour subvenir à des besoins qu’ils ne peuvent pas satisfaire isolément dans la nature. En cela consiste la division du travail ; celle-ci implique la participation consciente de chacun à une œuvre collective, donc à la réalisation d’un intérêt commun. En ce sens, le travail n’obéit pas seulement à une nécessité naturelle mais encore et surtout à une nécessité sociale. B.