Chapitre 1 : La liberté

I. Le libre-arbitre est-il une réalité ou un mythe ?

Démontrer une proposition c'est en révéler la nécessité. La liberté, si elle est le pouvoir de faire ou de ne pas faire, de poser des actes imprévisibles, suppose la contingence, c’est-à-dire l’absence de nécessité.
1°) Descartes et la liberté de l’attention
Pour Descartes nous faisons dans notre conscience l’expérience d’un libre arbitre infini, comme celui de Dieu. Sans doute une proposition évidente comme « je pense donc je suis » paraît exiger mon assentiment. Mais j’ai toujours la liberté de m’abstenir de la considérer, d’en détourner mon attention. L’exercice de notre attention ne paraît pas indéterminé ; je fais attention à ce qui m’intéresse et si je suis capable de détourner mon attention d’un objet immédiatement intéressant, c’est pour la porter sur un objet différent qui directement ou indirectement m’intéresse aussi. Il est tout à fait arbitraire d'isoler la puissance de l'attention du contexte de toute ma vie mentale qui en définitif la détermine.

2°) Le sentiment de l’effort
Certes, dans l'expérience de l'effort, j'ai le sentiment de résister à une souffrance, de triompher de l’inertie des muscles, mais j’ai toujours un motif de faire l’effort, ne serait-ce que le désir de réaliser une performance pathétique.

3°) L’acte gratuit
Bossuet indiquait que « pour sortir évidemment notre liberté il faut faire l’épreuve dans les choses ou il n’y a aucune raison qui nous empêche d’un côté plutôt que d’un autre ». Car nous aurions, nous, ce pouvoir d'accomplir n'importe quel acte, par exemple un acte tout à fait absurde, étranger à tout motif, si seulement nous avons décidé de l’accomplir.
Un acte gratuit est-il possible ? On peut répondre que l’acte gratuit est déterminé justement par le désir de commettre un acte gratuit, de s'évader des comportements ordinaires. Mais ce désir lui-même surgit-il dans la conscience comme un premier commencement ? Le fait que l’acte