La littérature
Avant de parler de littérature, peut être faut-il d’abord se poser la question de la lecture ? A quoi peut-elle bien servir ? La lecture est quelque chose qui construit, le lecteur n’est pas seulement une page blanche où le texte s’imprime, il glisse sa fantaisie entre les lignes et l’entremêle à celle de l’auteur. Que la lecture et en particulier la lecture littéraire puisse contribuer à la construction de soi est une expérience largement partagée et cela n’est pas propre aux nantis, en effet lors d’entretiens avec des jeunes de 15 à 30 ans dans des quartiers défavorisés, l’accès à la lecture pour ces garçons et filles souvent issus de familles illettrées est un moyen d’accès au savoir. La lecture permet la construction des sujets parlants que nous sommes, plus on est capable de nommer avec nuance ce que l’on vit, plus on est capable de le vivre et apte à le changer. Les écrivains peuvent nous y aider par des textes qui touchent au plus profond de l’expérience humaine. L’importance de la lecture ne peut pas être évaluée uniquement à partir de chiffres, de nombre d’ouvrages lus. C’est parfois une seule phrase qui rend le monde plus compréhensible. Une seule phrase qui heurte ce qui était comme arrêté sur image pour lui redonner vie. Et certaines de ces phrases dont nous sommes faits avec lesquelles nous avons bricolé du sens, c’est généralement dans les livres que nous les avons trouvées. Dés l’enfance, la lecture peut être pour les jeunes le lieu de l’ouverture de l’imaginaire, le lieu de l’élargissement du répertoire des identités. En parcourant des livres, on découvre aussi des mots que l’on met sur des blessures secrètes, des mots qui troublent , mais qui font comprendre que les craintes et désirs que l’on pensait être seul à connaitre, d’autres les avaient éprouvés et leur avait donné voix. Mais ce n’est pas seulement parce qu’ils consolent ou estompent les craintes que les livres contribuent à la