La légende des siècles
Après Les Châtiments et Les Contemplations, l'éditeur Hetzel, hésite devant La Fin de Satan et Dieu qui sont près d'être achevés et que Hugo lui soumet. Voyant Hugo prêt à se lancer dans la lignée métaphysique et pratiquement eschatologique de Ce que dit la bouche d'ombre et À celle qui est restée en France qui terminaient les Contemplations, il redoute ces deux vastes poèmes et leur échec probable auprès du public. Il s'intéresse plutôt à ces Petites Epopées que Hugo a mentionnées, qui ne sont encore qu'esquissées mais qui lui semblent mieux servir l'esprit du temps. En mars 1857 Hetzel écrit à Hugo son refus de la Fin de Satan et de Dieu, mais accepte avec enthousiasme les Petites Épopées et l'engage à suivre cette voie.
La nouvelle commande subit néanmoins l'influence de la nouvelle pensée de Hugo et de ses œuvres voisines, tant à cette époque toutes les œuvres de Hugo sont mêlées, créées dans un même élan et dans une sorte de magma d'inspiration, poétique, mystique et philosophique, qui est la marque de sa première décennie d'exil. Cette inspiration le fait d'ailleurs écrire quantité de poèmes, plus ou moins brefs, destinés à être publiés dans des conditions et des projets qui sont en perpétuelle évolution. Hugo intègre désormais les Petites Épopées à son système poétique, faisant d'elles la partie humaine de son dessein que forment La Fin de Satan et Dieu, et s'est rendu compte de la portée et des possibilités qu'offrent les Petites Epopées, présentées comme des fragments épars de la grande épopée humaine. Les idées de titres que note Hugo le montrent : La Légende humaine, La