La notion de littérature et autre essais / tzvetan todorov.
Guillaume Pilote*
Résumé Cet article compare le traitement d’Aristote de la métaphore dans sa Poétique et sa Rhétorique afin de montrer que le type de discours dans lequel s’insère une figure de style influence sa grammaire d’utilisation. Dans le cas de la tragédie, la métaphore participe au but de katharsis en procurant un plaisir d’apprentissage, et à la mimèsis en favorisant l’élévation du sujet. Dans le cadre d’un discours rhétorique, la métaphore est subordonnée à la persuasion en tirant la signification du langage vers le point revendiqué par l’auteur. Ce travail doit demeurer caché à l’auditeur pour ne pas susciter sa méfiance. Dans l’œuvre d’Aristote, la Rhétorique et la Poétique sont les deux seuls traités où le logos est abordé en tant que production d’une activité technique, et non comme praxis ou theoria où l’être humain réalise sa nature d’animal rationnel. La fabrication du poème tragique ou du discours rhétorique exige de suivre certaines règles de composition – c’est pourquoi il s’agit de techniques – pour qu’ils soient en mesure de réaliser leur fin propre (la katharsis pour l’un, la persuasion pour l’autre). Si certaines figures sont communes aux deux disciplines, elles seront modelées différemment en fonction des normes dictées par le projet général de chacune. Pour s’en convaincre, il suffit d’en considérer une : cette étude analysera le cas de la métaphore. Celle-ci constitue un bon sujet puisque Aristote en traite longuement au travers des douze premiers chapitres du troisième livre de la Rhétorique et des chapitres vingt à vingt-deux de la Poétique. En obser* Étudiant à la maîtrise en philosophie, Université de Montréal.
Métaphore rhétorique et métaphore poétique chez Aristote
vant comment la composition des métaphores est influencée selon qu’elle s’effectue dans le cadre d’un discours poétique ou rhétorique, nous pourrons mieux comprendre comment Aristote pense la relation entre ces