La passion
-Conception classique : condamnation
-Dès Platon, les passions apparaissent nocives: elles mènent à la démesure («l'ubris») sinon à la folie, obligent la raison à se pervertir pour leur obéir, et condamnent l'être humain qui en est la victime à un monde illusoire. Eloignant de toute vérité, elles ne sauraient révéler la vérité de l'homme lui-même.
Dans l'Antiquité, comme chez les stoïciens pour qui passion est synonyme de déraison, les désirs sont considérés comme des passions qui viennent du corps et que le sage doit maîtriser et dépasser s'il veut accéder à la sérénité qui constitue le bonheur et l'épanouissement de l'âme. L'attachement passionnel à quoi que ce soit est condamné.
Cf aussi point de vue chrétien: c'est ce que la passion suppose d'excessif dans le comportement qui est condamné. Ne désigne-t-elle pas une emprise trop forte du corps sur l'âme? Ne produit-elle pas une véritable aliénation de cette dernière?
Descartes, définissant les passions de l'âme, a souligné l'effet de passivité; il appelle passions tous les phénomènes causés dans l'âme par l'action du corps, toutes les représentations liées aux mouvements des esprits animaux, éléments subtils servant d'intermédiaires entre le corps et l'âme => la passion, c'est l'empire du corps.
-Dans un sens moderne, la passion est une tendance qui envahit totalement la personnalité.
Les moralistes opposent la passion à la raison comme la démesure à la tempérance. Tout homme a normalement plusieurs tendances ou préférences et il choisit librement entre ses désirs; c'est la raison qui arbitre et son choix devient un acte volontaire. Dans la passion, il vit sous le régime tyrannique d'une seule tendance. Dans l'acte passionnel, la responsabilité du sujet peut paraître réduite, en ce sens que la raison n'intervient pas pour choisir le but que