La perception de la police
Toute vie collective, aussi primitive soit-elle, requiert l’aménagement et le respect d’un certain ordre, d’un ordre public. Assurer la protection de celui-ci, le rétablir et sanctionner ceux qui le troublent, telle est la raison d’être de ceux qui président aux destinées de la collectivité, la finalité étant de permettre à ses membres de vivre dans une certaine harmonie, jouissant de ces biens inestimables que sont la sécurité et la tranquillité publiques, protéger tous à la fois des agressions naturelles et des abus divers.
Définir cet ordre, c’est élaborer des normes, des lois, qui, dans un Etat de droit, procède d’un consensus et ont pour objet de préciser les impératifs de l’ordre public, d’avertir les citoyens des sanctions qu’ils encourent en les transgressant, d’aménager la conciliation entre les nécessités du maintien et du rétablissement de cet ordre et l’exercice des libertés publiques reconnues à tous par “le contrat social’’.
Protéger et rétablir l’ordre public constituent la fonction confiée à ce que nous nommons le pouvoir exécutif qui dispose, à cet effet, d’une force constituée de services auxquels au XIVe siècle on a donné le nom “police’’. La police est, étymologiquement, l’art de gouverner la cité et ce terme recouvre deux concepts qui ont entre eux des rapports étroits : l’ensemble des prescriptions imposées aux citoyens en vue de la sauvegarde de l’ordre public et l’ensemble des services chargés de faire respecter ces prescriptions.
La fonction de police est celle d’assumer la sécurité interne. Elle s’exerce ainsi à deux niveaux. Sur le plan interindividuel, il va s’agir de la régulation des disputes locales, qui peuvent être liées à des relations dégradées de voisinage, à des contentieux matrimoniaux, à des perturbations de la vie publique (circulation routière notamment) et, surtout, à des phénomènes que les criminologues dénommes “déviances’’ et que les juristes enferment pour leur part dans l’expression d’atteinte à la