la philosophie arabe
Article écrit par Paul ZUMTHOR
Prise de vue
Le sens du mot « philologie » (spécialement imprécis dans l'usage français) ne peut guère se définir que par opposition avec d'autres termes, parfois à peine moins vagues : linguistique, critique littéraire, histoire de la littérature. Le champ d'application de la philologie recouvre partiellement les divers domaines ainsi désignés, tout en conservant une spécificité qui, il est vrai, s'est beaucoup estompée durant la première moitié du XXe siècle. Cette ambiguïté est la conséquence de l'ancienneté du mot, qui véhicule un certain nombre de notions très antérieures à la formation des sciences modernes : contradiction qu'a fait ressortir la diffusion, depuis environ 1920, des méthodes dites structurales.
Dans son acception la plus générale, la philologie peut être considérée de trois points de vue : elle vise à saisir, dans leurs manifestations linguistiques, le génie propre d'un peuple ou d'une civilisation et leur évolution culturelle ; elle résulte de l'examen des textes que nous a légués la tradition en question ; elle embrasse non seulement la littérature, mais tout l'écrit. Dans la pratique, la philologie tend à se ramener à l'interprétation textuelle des documents.
On peut donc dire à la fois qu'elle est et qu'elle n'est pas une discipline particulière : elle l'est, dans la mesure où elle traite de questions bien distinctes (ainsi, l'histoire des manuscrits d'un texte, la comparaison critique des variantes) ; elle ne l'est pas, dans la mesure où toutes les questions dont elle s'occupe constituent les éléments d'un système compact, le passé humain, en tant que nous cherchons à le comprendre dans le présent.
De toute manière, la philologie est ainsi liée à une conception de la continuité historique. Elle se fonde sur l'idée d'une société rassemblée par le lien du langage et dont l'existence englobe la durée entière d'une tradition : sa fonction consiste à maintenir les monuments de