La poésie peut elle s'inspirer du quotidien ?
: Il pleure dans mon cœur est le texte III de la section intitulée "Ariettes oubliées". Une ariette est un terme de musique qui désigne une mélodie. La troisième des ariettes est une variation sur la mélancolie, un malaise que Verlaine cherche plus à lui donner une couleur qu'à exorciser. La transparence de l'eau et la limpidité des vers se fondent pour traduire le vide d'une conscience en proie à l'ennui. L'identification pluie/larme est la ligne directrice du poème. L'épigraphe de Rimbaud est douteuse. Au niveau de la structure, quatre strophes de quatre vers (strophe carrée) Il y a une double interrogation suivie d'exclamations qui semblent leur apporter la réponse. La pluie apaise-t-elle ou exacerbe-t-elle l'ennui ? laisse le lecteur dans l'indécision qui fait le charme du poème.
Aux questions, la pensée du poète se heurte à un double vide que rien ne peut combler. La seconde formule interrogative est elliptique : " nulle trahison " ?....Et le point d'interrogation suivi de points de suspension laisse le lecteur dans l'expectative. Il est probable que le poète ne sait lui-même que penser et se demande s'il est sûr de ne pas avoir été trompé (par Rimbaud peut-être)
Le poème donne la sensation de monotonie et de répétition de la pluie. Les mêmes mots et les mêmes sons régulièrement repris reproduisent le bruit de la pluie, doucement répétitif.
Dès le premier vers apparaît un néologisme " il pleure " qui reproduit le cliché d'une pluie de larmes. C'est sur les ressemblance phoniques avec " il pleut " que ce " pleure " tire sa force. Le sens et le son se renforce, c'est de la pure poésie. " il pleure dans mon cœur" est une métaphore du chagrin. Tout le charme du poème consiste à nous faire confondre la pluie et les pleurs et à nous situer, insensiblement dans une autre réalité. Nous entrevoyons l'action de la pluie