La promenade sur le lac rousseau
Ce passage fait partie du livre IV, le premier de la seconde partie de laNouvelle Héloïse. Julie, mariée sans amour à M. de Wolmar sur l'ordre de son père, a juré de lui être fidèle et d'oublier son ancien amant Saint-Preux, parti faire le tour du monde pour essayer de l'oublier. M. de Wolmar, mis au courant de la liaison qu'a eue sa femme avant son mariage, et pour bien lui montrer l'entière confiance qu'il met en elle, a prié Saint-Preux, de retour en Europe, de s'installer auprès d'eux à Clarens : c'est la situation paradoxale et scabreuse que Rousseauaurait voulu vivre entre Mme d'Houdetot, qu'il aimait, et son amant Saint-Lambert. Wolmar, pour mettre à l'épreuve la loyauté des deux anciens amants, imagine de s'absenter quelque temps et de les laisser en tête-à-tête. Durant son absence, au cours d'une partie de pêche sur le Léman, ils sont surpris par une brusque tempête qui les oblige à chercher refuge à Meillerie, petit village au bord de la rive française. En attendant l'accalmie et pour passer le temps, Saint-Preux imagine d'emmener Julie sur les pentes montagneuses qui dominent Meillerie, dans un endroit qu'il connaît bien : avant le mariage de Julie et alors qu'il espérait encore pouvoir l'épouser, il y est souvent venu en hiver rêver à celle dont il était alors séparé.
[...] Je commençai par me rappeler une promenade semblable faite autrefois avec elle durant le charme de nos premières amours. Tous les sentiments délicieux qui remplissaient alors mon âme s'y retracèrent pour l'affliger ; tous les événements de notre jeunesse, nos études, nos entretiens, nos lettres, nos rendez-vous, nos plaisirs, E tanta fede, e si dolci memorie, E