La prospérité française et ses limites
I] Le bilan de la guerre A) Le coût matériel et humain
Les travaux d’Alfred Sauvy ont permis de mesurer l’ampleur des richesses françaises détruites par la Grande Guerre: le dixième du patrimoine national a été englouti.
Destructions les plus visibles: celles qui ont ruiné les départements du Nord et de l’Est de la France, envahis et transformés pendant 4 ans de champ de bataille. Le retour à la France de l’Alsace et de la Lorraine ne compense pas complètement ces énormes pertes matérielles. Les pertes financières ne sont pas moins préoccupantes. Les importations de matériel militaire pour alimenter le front, et de biens de consommation pour ravitailler l’arrière, ont gravement déséquilibré la balance commerciale. Les dégâts subis par les infrastructures énergétiques et industrielles ont fait chuter l’indice général de la production industrielle nationale de 45% entre 1914 et 1921. Les forces de travail du pays ont été cruellement entamées par le bilan démographique qui a amputé l’effectif national de 1,4 million de personnes. Par ailleurs, les démographes considèrent que le déficit des naissances provoqué par la guerre prive le pays d’un million et demi d’enfants, rupture nataliste à l’origine d’un phénomène de « classes creuses ».
B) La crise des finances publiques
Les moyens financiers indispensables au redémarrage de l’économie ne se reconstituent pas vite.
Les sources de financement étrangères se dérobent car les USA suspendent leurs prêts publics dès 1920 et exigent le remboursement des dettes de guerre. Parallèlement; la solution de faire payer par l’Allemagne des réparations de guerre se révèle vite illusoire. Le recours à une épargne nationale reste dans ces conditions le meilleur moyen de financer la reconstruction et la croissance, mais il comporte des limites et des risques: limites car il a été déjà beaucoup demandé aux épargnants français qui ont souscrit en