La préciosité et l'honnête homme
Vers 1608, la vie à la cour de Henri IV devient assez vulgaire et grossière. Alors, l’élite mondaine et les courtisans qui aiment la politesse, la conversation galante et raffinée, prennent l’habitude de se réunir dans certaines maisons aristocratiques. Ils y sont invités par les dames du grand monde qu’on appelle « précieuses » et dont la plus célèbre est la marquise de Rambouillet.
Ces gens cultivés veulent s’élever au-dessus de la vulgarité par la dignité de leurs mœurs, l’élégance et souvent l’extravagance de leurs vêtements, et, en particulier, par la pureté de leur langage.
Dans le salon de la marquise de Rambouillet, on s’occupe de littérature, on fait des vers d’amour, on écoute de la musique, on fait de la conversation élégante: l’idée qu’on exprime est moins importante que la façon dont on l’exprime. On méprise la langue commune en créant un jargon particulier plein d’exagérations, de périphrases, de métamorphoses: « les dents » deviennent ainsi « l’ameublement de la bouche ». Ce désir de se distinguer du vulgaire mène souvent à des excès ridicules, à un langage et un comportement affecté.
Molière a consacré toute une comédie à ce phénomène: « Les précieuses ridicules ».
L’importance des salons diminue vers 1660, car c’est la cour de Louis XIV qui devient le centre du bon goût, de la littérature, des arts et de la musique. Mais l’influence de la préciosité sur les mœurs, la littérature et sur le langage est, malgré tout, positive. Les précieuses contribuent à la formation de l’idéal classique de vie et de « l’honnête homme ».
L’honnête homme se distingue par son élégance extérieure et ses valeurs morales: il est cultivé sans être pédant, distingué sans être précieux, mesuré, discret, galant, brave, vertueux. Peu importe qu’il soit bourgeois ou aristocrate: il doit posséder la seule vraie noblesse: celle du cœur.
K. Frank, “Le malade imaginaire im Kontext des 17. Jahrhunderts“,