La réalité du sujet
Le ‘sujet’ désigne le support réel du prédicat. Depuis Aristote en effet, on définit le sujet : ce qui ne peut pas être prédiqué de quoi que ce soit. Je ne peux pas être prédiqué de quoi que ce soit, car je suis un être réel qui pense et agit.
Bizarrement, le terme de ‘sujet’ a longtemps désigné les individus en tant que soumis à l’autorité d’un souverain. De la même manière, le sujet de la connaissance se trouve soumis à l’autorité de l’objectivité. Comme si le sujet devait se définir par sa passivité et non comme l’activité dont il incarne le socle.
On utilise enfin le mot ‘sujet’ pour désigner les individus en tant qu’ils possèdent des droits : On dit alors qu’ils sont « sujets de droit ». On retrouve alors l’idée de socle : un réceptacle sur lequel viendraient se greffer un certain nombre de qualités juridiques.
Dans tous ces usages, le ‘sujet’ apparaît surtout comme quelque chose se trouvant dans l’individu, derrière la surface de sa conscience, derrière ses pensées et ses actes. ‘Chaque homme est un sujet’ signifie alors : L’identité individuelle, en tant que support des actions et pensées de l’individu, perdure tout au long de l’existence. C’est toujours le même individu qui pense et agit, quand bien même il pense et agit différemment au cours de sa vie. L’identité concernée ici n’est pas ‘psychologique’ mais bien ‘métaphysique’ : le mot sujet désigne le fond métaphysique de l’individualité humaine, sa substance. C’est ce sens là qui permit aux métaphysiciens Allemands de faire de l’homme la source transcendantale du monde.
Le mot ‘sujet’, selon ces premières remarques, recouvre deux significations que l’on pourrait qualifier respectivement de « superficielle » et de « profonde ». Que l’homme soit un sujet, cela signifie d’abord très simplement qu’il est toujours le ‘sujet’ de ses pensées et de ses actions (il est celui qui pense ses pensées et celui qui réalise ses actions, il est donc l’unique agent de ses