La renaissance espagnole
Charles d'Autriche, souverain des Pays-Bas, qui allait être Carlos ler d'Espagne, puis l'empereur Charles-Quint, n'avait que seize ans lorsque la mort de son grand-père Ferdinand lui laissa, en 1516, les royaumes espagnols avec celui de Naples. Le vieux cardinal Ximénès exerça la régence en attendant l'arrivée du nouveau roi. Celui-ci vint enfin, avec son escorte de Flamands, à qui il distribua les plus hautes charges. Ximénès, en dépit de ses services et de sa grande autorité, fut brutalement écarté de la cour et mourut sur ces entrefaites. Le jeune roi semblait ne voir que par les yeux de ses conseillers flamands, qui subordonnaient la politique du royaume aux intérêts des Pays-Bas et faisaient bon marché de ceux de l'Espagne dans le traité de Noyon conclu avec François Ier. Les Espagnols consternés voyaient en leur roi un étranger et auguraient mal du nouveau règne. La faveur accordée aux Flamands, leur avidité, leurs extorsions causèrent beaucoup d'irritation. Charles ne se fit reconnaître qu'avec peine par les Cortès de Castille; il en eut plus encore à se faire voter un don gratuit par les Cortès d'Aragon et il n'obtint rien de celles de Catalogne. La nouvelle de son élection à l'Empire en 1519 et son départ pour l'Allemagne mirent le comble au mécontentementLes Comuneros.
Il était à peine parti qu'une insurrection éclata. Les villes de Castille, soulevées à l'appel de Tolède, massacrèrent les députés qui avaient voté les subsides, formèrent une Sainte Junte et tirèrent du couvent où elle était enfermée à Tordesillas la mère de Charles-Quint, Jeanne la Folle, que sa faiblesse d'esprit avait fait considérer comme incapable de régner. La révolte prenait ainsi une apparence de légitimité. Elle s'étendit dans la Galice, l'Estrémadure, puis à Valence, où les habitants avaient formé une hermandad, ou ligue, contre les nobles. Ce fut la grande révolte des « Comuneros ».
S'ils avaient payé d'audace, ils pouvaient dicter des lois à