La republique et la democratie
Si l'étymologie des termes est double et ouvre des perspectives d'interprétation antagonistes, qui invitent soit à rapprocher les deux termes, soit à les dissocier radicalement selon la portée du logos, une forte scission conceptuelle subsiste dans les concepts dont le champ d'intéraction se trouve plus au niveau factuel que conceptuel; les deux notions étant soumises, en fin de compte, à la médiation, souvent décevante, de leur signifié vers le réel, concrétisation du logos.
I) Nature étymologique et refonte platonicienne du logos
II) De démocratie à république : le paradoxe du nombre
III) De la dialectique du paradigme à l'hégémonie de l'ergon : du modèle-essence de Platon à la réalité aristotélicienne.
Extrait du document:
L'étymologie radicale des termes appelle une opposition cruciale : les étymons res, « chose », et publica, « publique », de république, nous invitent à la distinguer de la démocratie - « gouvernement », cratos, « du peuple », demos - dans la mesure où la chose publique renvoie directement à quelque chose de concret, tandis que le gouvernement, le pouvoir du peuple, introduit deux notions abstraites, qui ne renvoient à rien de réel. Le concept de démocratie est double : il désigne une abstraction dans sa conceptualité, tandis que la réalisation du fait démocratique est en perpétuelle construction – on peut dire « inchoative », pour utiliser un terme de linguistique comme passerelle entre la notion elle-même et sa réalisation. La confusion de ces termes par l'occident moderne résulte plus d'une prise de conscience d'une discordance, entre la démocratie conceptuelle et la démocratie « inchoative », à la recherche d'elle-même dans les faits, que d'une incapacité à distinguer ces deux notions. Les citoyens des régimes démocratiques ont conscience de cette dysharmonie, qui force une disjonction entre démocratie conceptuelle et une démocratie factuelle, la dernière cherchant à se conformer à la seconde. On a conscience dans