la revolution russe
Bien qu'ayant joué un rôle de premier plan dans cette révolution, Trotsky se refuse à écrire des mémoires. Il entend faire œuvre d'historien, s'appuyant sur les sources dont il peut disposer plutôt que de faire appel à des souvenirs personnels. Il oppose à l'impartialité souvent formelle des historiens professionnels la recherche de l'objectivité, la compréhension de l'enchaînement des faits, ce qui n'implique nullement de cacher ses sympathies. L'eruption violente des masse
Pour Trotsky, « le trait le plus incontestable de la Révolution, c'est l'intervention directe des masses dans les événements historiques. D'ordinaire, l'État, monarchique ou démocratique, domine la nation ; l'histoire est faite par des spécialistes du métier : monarques, ministres, bureaucrates, parlementaires, journalistes. Mais, aux tournants décisifs, quand un vieux régime devient intolérable pour les masses, celles-ci brisent les palissades qui les séparent de l'arène politique, renversent leurs représentants traditionnels, et, en intervenant ainsi, créent une position de départ pour un nouveau régime.1 » L'étude des rapides, intensives et passionnées conversions psychologiques des classes en lutte revêt donc une importance cruciale pour comprendre la révolution. Si les changements d'opinion et d'humeur des masses sont si soudains dans une période agitée c'est, paradoxalement, en raison du profond conservatisme du psychisme humain. Les idées restent figées pendant des décennies alors que la société évolue. « Les idées et les rapports