La rythmique dalcroze et le musicien
L’une des bases de toute éducation musicale, et aussi l’un des fondements de la Rythmique d’Emile Jaques-Dalcroze, est la justesse de la pulsation, du tempo et de l’agogique. Pour acquérir cette justesse temporelle, Jaques-Dalcroze insuffle dans la pratique musicale l’expérience corporelle et, ce faisant, favorise l’étude entre le temps et l’espace grâce à la spécificité des relations neuro-motrices. Cette étude liant temps et espace déborde largement de la discipline artistique, rejoint la science voire la recherche scientifique et doit s’envisager comme une compétence transversale tant pour l’enfant que pour l’adulte. Nous nous concentrons dans cet article à approfondir le point de vue exposé par Paul Boepple 2 , à savoir les apports de la Rythmique au niveau de la pratique musicale et donc nous nous attachons, par la suite, à un propos essentiellement destiné aux musiciens amateurs ou professionnels.
Aussi absconse que puisse paraître la notion d’espace pour le musicien 3 , nous avons toujours à l’esprit cette anecdote banale où, une personne, demandant son chemin, questionne si l’endroit qu’elle cherche est loin d’où elle se trouve. Et la réponse : « C’est à cinq minutes. » Au lieu de fournir une mesure de distance (i.e., « C’est à 400 mètres.»), la réplique établit une durée (sous-entendant que cette durée sert à couvrir la distance du trajet mais rien n’est moins certain, une quantité d’événements inattendus pouvant influencer la durée réelle du chemin, sans en modifier la distance). Cette correspondance entre espace et temps se retrouve jusque dans des domaines complexes : l’année-lumière (un temps qui donne une information de distance, environ 10 mille milliards de kilomètres) est mieux connue que le parsec, réelle
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Pierre Kolp, compositeur, licencié en musicologie, organiste, directeur de l’Institut de Rythmique JaquesDalcroze de Belgique, président de l’association des