La séduction féminine dans l'"odyssée" d'homère
L'Odyssée contient de nombreuses figures féminines qu'il est assez facile de ranger dans un camp ou dans un autre : il y a en effet dans l'épopée d'un côté le camp des femmes (ou des déesses) qui viennent en aide à Ulysse et qui ont une influence positive sur sa progression à travers mers et terres (Athéna, Ino-Leucothée, Nausicaa, Arété…), et d'un autre côté le camp adverse, celui des femmes ou des créatures d'aspect féminin qui représentent une menace dangereuse pour le héros (les Sirènes, les femmes lestrygons, Charybde et Scylla…). Des figures féminines comme Circé et Calypso représentent quant à elles des cas intermédiaires intéressants : si Circé se révèle suffisamment cruelle pour transformer des compagnons d'Ulysse en pourceaux, une fois maîtrisée elle se change en une adjuvante capitale dont les différents conseils permettent ensuite à Ulysse d'échapper de peu à des dangers mortels.
Extrait du document:
L'une des premières choses qui apparaissent dans notre texte, c'est que, au début du chant V, la séduction de Calypso ne fait plus aucun effet sur Ulysse (« La nymphe ne lui plaisait plus », vers 153). Bien au contraire : Calypso est désormais un facteur de dépression chez le héros : « Il était sur le promontoire ; ses larmes n'avaient pas/ séché, et toute la douceur de la vie s'écoulait/ avec ses larmes », vers 151 à 153. Noter les imparfaits dits duratifs qui accentuent la permanence dans le temps de cette dépression ; « elle ardente, lui sans ardeur », vers 156 ; « Il pleurait en regardant la mer sans moissons », vers 158. Noter encore l'imparfait duratif. Un rien malfaisante, Calypso pointe d'ailleurs cette dépression d'un doigt moqueur : « ‘Malheureux, va ! ne pleure plus toujours, et que ta vie/ ne se consume point ! », vers 160 et